Carnet de route

Voyage au Grubenberg ou bienvenue dans la bonne humeur suisse
Le 22/03/2025 par d tschud
Nous partîmes 13 et revinrent 13, ce qui est un bon début pour une histoire. Napoléon n'en a pas fait autant lors de sa campagne de russie. 11 skieurs et 2 raquetteurs étaient au rendez-vous en ce beau Samedi 22 Mars 2025 sur le parking du col de Jaun. Pour ne pas les nommer: Anne-Marie, Diane, Maxime, Jérome, Alain, Robert, Chantal, Hélène, Corinne, Yves, Muriel, Dominique et notre chef à tous, Michel.
Après un léger pique-nique au pied des pistes, nous voilà grimpant vers leur sommet, avec sur notre droite les fameuses Gastlosen, ces pittoresques petites dolomites de l'Oberland bernois qui réjouiront nos regards tout au long du week end. En moins de temp qu'il ne faut à Heidi pour grimper à l'alpage derrière ses vaches et s'échapper de la vallée, nous voilà au premier petit sommet. La vue y est à la fois ébblouissante et circulaire, s'étendant jusqu'à l'horizon sur les alpes bernoises. Les "horn" foisonnent, et leurs noms tombent au fil de la lecture de peak finder ou autre appli sachante entre les manis de Michel. Nous laissons derrière nous une croix, en rejoingnons une autre, croisons d'autres randonneurs à ski ou raquettes que nous ne nous ne savons s'il faut saluer d'un Bonjour ou d'un Grüezi. En fait, il faudrait accorder 84% de Grüezi et 8 de Bonjour, sur cette terre officiellement bilingue, mais principalement allemande, mais qu'importe un salut montagnard fait l'affaire.
Après la second croix, la progression se fait légèrement moins aisée et bien plus ralentie. Nous devons traverser des plaques d'herbes, des sentiers rocailleux, déchausser, rechausser, descendre avec les peaux dans une neige déjà collante. De fil en aiguille nous voilà, successivement, dans la forêt, traversant de vielles mini coulées, ( créant une de ces micro coulées sur nos raquetteurs) traçant des virages dans une neige mouillée mais qui tourne, contournant des gueules de baleines (ces enchétrements de plaque tectoniques de neige, qui se rencontrent et soit baillent, soit se soulèvent en apic), puis, skis à la main, puis à rechausser, à passer de petits filets d'eau, à skier entre les arbres, entre les mottes de terre, faire des points carte, repartir. Nous ne sommes pas perdus, parfois juste décalés par rapport à la trajectoire. Nous avançons tranquillement, de virages en dérapages, sans accrochages, pour parvenir en fin de compte au point bas de notre journée: au pied d'un champ... de terre. Un peu de portage ne nous fait pas peur, mais nous essoufle, et nous sommes repartis pour 500m de dénivellé, en direction de notre Grubenberger Hütte. Le suspens est terrible. Il n'est plus très tôt et l'augoisse sourde au sein du groupe: arriverons-nous à temps pour l'apéro? Je ne donnerai pas de nom, mais c'est un questionnement majeur pour certains.
La remontée est belle. Nous rechaussons au bout de 45 minutes, poursuivons au pied des Gastlosen alors que le soleil nous abandonne tranquillement et que la nuit s'approche. Ce coin est un paradis d'alpage, et si Heidi (encore elle) n'est toujours pas visible, les cabanes sont à tous les plis de montagnes. Nous avançons en fixant avec espoir chacune d'entre elles, mais non, ce n'est pas notre hutte encore, et il nous faut poursuivre, la soif à la gorge.
Le groupe s'égrenne. Mais, la discipline se maintient et le serre file en chef, Maxime, garde sa sérennité et sa bonne humeur au gré des retardataires.
Alors que la nuit est sur le point de nous saisir complètement, nous passons une dernière ligne de crête et là, discrètement, presque sans prévenir, et identifiée seulement par un faible hâlot de lumière, voici notre gite. Nous n'y croyions plus. Nous nous apprêtions à sortir les frontales. Mais non, nous y sommes véritablement.
Et là, quel accueil! Rudy et ses deux comparses (dont je n'ai même pas demandé le nom, quel dommage!!!) (deux soeurs vietnamiennes pétillantes et malicieuses) réchauffent la jolie cabanne suisse de leurs rires communicatifs, Tout est humour, calme et jovialité au Grubenberger!! S'en suit, un apéro monté à dos de femmes et d'hommes, une fondue généreuse et bien arrosée, un cake marbré. Nos hôtes n'ont qu'une expression: un grand sourire indéfectible! Rudy se moque de nos interrogations taquines et nous devance en déclarant avec un clin d'oeil (coquin)? qu'eux n'auront pas froid dans un lit de 2m sur 1.98m pour trois! Sacré Rudy, quelle santé! Quel humour! Le Grubenberger: à recommander, belle découverte!
Le lendemain commence dans le brouillard alors qu'une infime couche de neige s'egrenne sur le sol. Peu à peu le temps se dégage. Nous commençons par une descente dans une neige transformée et quelque peu gélée mais pas trop. Une montée bien raide dans les bois nous rappelle les joies de la conversion: je me convertie à droite, je me convertie à gauche. puis à droite et de nouveau à gauche. Nous sommes définitivement reconvertis!
Nous continuons notre parcours du combattant: chaussant, déchaussant, rechaussant, tirant quelques virages, pour venir enfin retracer nos pas de la veille, reprendre la ligne de crête, repasser devant les croix et finir par les pistes dans une neige bien mouillée. La vue est brumeuse, les couleurs plus grises que le jour d'avant, mais la randonnée reste belle. Elle est sans danger, mais nécessitant un bon niveau de concentration et d'énergie. Le groupe s'étire et se rejoint toujours. Parfois les raquetteurs aguerris ont pris d'autre sentiers, mais nous nous sommes retrouvés sans inquiétude. Certains tirent la pattes aux montées, d'autres aux descentes, ou pas du tout, ou aux manip. Mais, tout se déroule paisiblement. No stress. Tranquillo. Ruhig. L'affaire est rondement menée.
Nous finissons, sur la même table de pique nique que le Samedi. Merci à tous, à Michel pour le tracé, à Maxime pour le serre-filage, à tous pour la convivialité.